BaTyR n°35532

Comment

Ensemble de 129 poinçons d'une police de caractères de civilité sur corps de Saint-Augustin. Cet ensemble fut donné au Musée de l'Imprimerie par la fonderie Deberny et Peignot dans les années 1960.

Histoire

La plupart de ces poinçons (79 sur 129) furent gravés par Philippe Danfrie à la fin des années 1550 dans le cadre de son association avec l'imprimeur Richard Breton. L'ensemble, dégradé, a ensuite été complété en deux phases : il comprend 31 poinçons probablement gravés vers 1760 et 16 gravés ultérieurement (au début du XXe s.?) par la fonderie Deberny. On y trouve en outre 3 poinçons d'origine non identifiée et qui ne paraissent pas appartenir au même caractère.

En 2011, Rémi Jimenes a proposé d'attribuer à Pierre-Simon Fournier ou à son frère Jean-Pierre Fournier la gravure des poinçons du XVIIIe siècle de cet ensemble (Jimenes-2011). Depuis, les recherches d'Aurélien Vret (Vret-2022) ont permis d'affiner la chronologie : la collection de poinçons serait passée de la fonderie de Jean-Pierre Fournier à celle de son ancien employé Pierre-Louis Vafflard ("Wafflard"), son employé, puis dans le fonds de la fonderie Molé, devenu "fonderie générale", et enfin dans le fonds de Deberny et Peignot. La donation au Musée de l'Imprimerie serait intervenue en 1974, lors du dépot de bilan de l'entreprise.

Description

On distingue les poinçons gravés par Danfrie, Fournier et la fonderie Deberny de la façon suivante : 

- Danfrie : les arrêtes de la tige sont biseautées. La forme de la tige est souvent en fuseau. Danfrie n'utilise pas d'accents mobiles: chaque caractère accentué fait l'objet d'un poinçon différent. Le cran d'orientation se présente sous la forme d'une courte entaille sciée sur une arrête).

- Fournier : La tige est rectiligne, avec des arrêtes saillantes et non biseautées. Fournier utilise l'accent postiche mobile. Le cran d'orientation se présente sous la forme d'un X sur l'un des flancs de la tige.

- Deberny-Peignot : L'acier est plus modernes (on lit d'ailleurs l'estampille du fabriquant, "Pétin, Gaudet et Cie" sur le flanc d'un poinçon de N capital). La tige est bien rectiligne, avec des arrêtes saillantes. Le cran d'orientation est réalisé sous la forme d'un simple trait de scie traversant le flanc de la tige. 

Historique de la conservation

Ces poinçons furent décrits en 1966 par Harry Carter et Hendrik Vervliet, alors qu'ils étaient encore en possession de la fonderie Deberny-Peignot. Ladislas Mandel a distrait de la collection quelques poinçons qu'Aurélien Vret a pu découvrir en 2022 dans les collections de la Bibliothèque de l'Arsenal (voir BaTyR n° 35533).

Les poinçons du musée de Lyon ont été classés en 8 groupes. Leur pied a été trempé dans une peinture acrylique de couleur (une couleur par groupe) entre 1966 et 1974, peut-être par Jacques Camus, graveur de l'entreprise Deberny-Peignot (hypothèse proposée par Vret-2022), plus probablement lors de l'entrée au Musée.  Ces codes couleurs ne correspondent pas parfaitement à la typologie proposée plus haut et les groupes mêlent parfois les poinçons de Danfrie à ceux de Fournier.
Les poinçons sont aujourd'hui conservés dans huit boites de la façon suivante :

- Boite n° 1 (peinture de couleur orange). 16 poinçons, tous gravés par la fonderie Deberny-Peignot. Sur le plus gros poinçon (un N), estampille de l'aciérie Pétin, Gaudet et Compagnié.

- Boite n° 2 (peinture de couleur rose). 7 poinçons, tous attribuables à Danfrie.

- Boite n° 3 (peinture de couleur jaune). 13 poinçons, tous attribuables à Danfrie.

- Boite n° 4 (peinture de couleur bleu foncé). 13 poinçons, tous attribuables à Fournier.

- Boite n° 5 (peinture de couleur blanc). 13 poinçons : 12 attribuables à Fournier, 1 à Danfrie.

- Boite n° 6 (peinture de couleur rouge). 41 poinçons : 6 attribuables à Fournier, 35 à Danfrie.

- Boite n° 7 (peinture de couleur verte). 15 poinçons attribuables à Danfrie

- Boite n° 8 (sans peinture) : 11 poinçons : 8 attribuables à Danfrie, et 3 non identifiés (qui ne paraissent pas appartenir au même ensemble)